Fille de l’Eau
Auteur : Emmi Itäranta
Editeur : Presses de la Cité
Date de publication : 8 janvier 2015
Nombre de pages : 299
Résumé:
« Le commencement, ce fut
le jour où mon père m'emmena à l'endroit qui n'existe pas. »
Noria est encore adolescente
quand, à la mort de son père, elle est nommée maître du thé de son village.
Dans un monde qui tente de se relever d'une guerre qui a épuisé les réserves
d'eau potable, la jeune fille est à présent garante des traditions d'un temps
révolu et protectrice d'une source secrète que sa famille protège depuis
toujours.
Mais bientôt, les militaires
de la Nouvelle Qian – le gouvernement qui régit la société – décident
d'enquêter sur l'apparente abondance des ressources d'eau du village. Alors que
l'eau se fait de plus en plus rare, Noria devra faire un choix : se battre ou
coopérer...
Mon avis:
Énorme coup de coeur!
Je
ne sais même pas par où commencer tant ce livre m’a bouleversée… Je l’ai
terminé il y a plusieurs heures déjà et j’en suis encore toute retournée !
Je crois réellement que c’est ce genre de roman que l’on adore ou que l’on
déteste. Je suis contente de ne pas être passée à côté d’un tel chef-d’œuvre qui
a su me toucher au plus profond de mon être, à un tel point que je sais que je
n’oublierai jamais cette histoire...
Noria
est une adolescente comme les autres, qui vit dans un village au cœur de la
Laponie finlandaise. Sa famille n’est pas très aisée, mais elle n’est pas à
plaindre en comparaison des autres villageois. Comme son père, elle va être
nommée maître du thé. Pourtant, elle va découvrir que ce métier cache de lourds
secrets et de grandes responsabilités vont s’abattre sur ses frêles épaules.
Courageuse jusqu’au bout, elle va se battre à son niveau pour perpétuer les
traditions et pour tenter de comprendre ce qui s’est passé dans le monde
d’antan pour qu’on en arrive là. Car la Terre est appauvrie en eau et le peu
qu’il en reste est sous le contrôle de l’armée. Les gens meurent de faim et de
soif, allant jusqu’à risquer leurs vies pour quelques gouttes d’eau supplémentaires…
J’ai
décidé de lire ce livre sans vraiment avoir fait de recherches à son propos
avant ni avoir lu une seule chronique. Pour ceux qui me connaissent bien, vous
savez que dès qu’un roman écrit par un auteur finlandais croise mon chemin, je
saute sur l’occasion ! Le résumé ne me disait pas grand-chose et j’ai
moi-même hésité à en écrire un pour cette chronique, car je trouve que ce n’est
absolument pas révélateur de ce que l’on découvre à travers cette histoire. Car
ici l’action et l’histoire en elle-même ne sont pas ce qui importe le plus.
Non, c’est ce lyrisme, cette façon d’écrire très poétique qui fait que l’on se
sent impliqués, touchés au plus profond de nous-mêmes. C’est ce que j’aime chez
les Finlandais je dois dire, car ils sont très forts pour faire ressentir des
émotions avec les mots, que ce soit dans les livres ou en musique. Ce qui est
paradoxal quand on sait que ce sont des gens très timides, qui abordent
difficilement les autres et qui peuvent passer pour des personnes froides alors
que ce n’est absolument le cas. Ils sont le feu sous la glace et ce roman
illustre très bien cela.
Revenons-en
à l’histoire en elle-même. J’ai été touchée par la manière de vivre de Noria.
Elle est proche de la nature et la ressent réellement, elle est très attentive
à ce qui l’entoure, à l’écoute de l’eau. Elle voue un profond respect à la vie
et à la mort et décrit cette dernière avec beaucoup de poésie lorsqu’elle-même
est personnellement affectée par la perte d’un être cher. Si extérieurement
elle ne laisse rien paraître de ses émotions, le lecteur se sent comme
privilégié de pouvoir avoir accès à ses pensées.
La
situation en Finlande n’est pas facile. Le pays a été envahi et est désormais
sous le joug de la Nouvelle Qian. Ils connaissent des restrictions sans
précédent et sont sans cesse observés par les soldats. On pousse le peuple a la
délation, à trahir les voisins frauduleux qui auraient accès à de l’eau non
déclarée, en échange de quelques rations supplémentaires.
Le
fait que le pays soit sous le joug de l’Asie offre un contexte plutôt
intéressant. Les personnages continuent à vivre selon les traditions
finlandaises auxquelles on a intégré quelques traditions asiatiques. Et
curieusement, cela se marie plutôt bien !
La
curiosité de Noria va pourtant la pousser à défier l’ordre établi. Elle aussi
fraude, comme une grande partie de la population, mais dans son cas il ne
s’agit pas seulement de conduites d’eau clandestines ou d’achats au marché
noir, non, sa famille est la gardienne d’une source souterraine secrète. Seulement,
elle va finir par se retrouver seule à gérer ce lourd secret et il va lui peser
de plus en plus à mesure que la situation dans son village va s’aggraver. Elle
ne supporte plus de voir le malheur autour d’elle. Alors, lorsqu’elle entrevoit
une lueur d’espoir après avoir fait une fabuleuse découverte avec son amie
Sanja au cœur de la fausse à plastique, elle va décider de tenter le tout pour
le tout, au péril de sa vie.
Ce
n’est absolument pas le genre de fille à se préoccuper de son petit confort
personnel au détriment des autres, non, elle a le cœur sur la main et la
situation la consume petit à petit.
Je vous ai déjà parlé de
Noria. Pour ce qui est des autres personnages, il y en a quelques-uns qui ont
leur importance, mais que je ne citerai pas pour ne pas trop en révéler sur
l’histoire. Je vais donc uniquement parler de Sanja. Elle est la meilleure amie
de Noria, mais leur relation est assez spéciale. Il y a beaucoup de non-dits
entre elles, même s’il y a parfois quelques doutes qui s’immiscent entre elles,
les deux adolescentes savent qu’elles seront toujours là l’une pour l’autre et
qu’elles peuvent se faire confiance. Je trouve qu’elles sont touchantes toutes
les deux, même si leurs vies respectives ont parfois tendance à creuser un fossé
entre elles. Parfois Sanja ne comprend pas réellement l’importance des
cérémonies de Noria. Elle peut par moments être un peu déçue que Noria les
fasse passer en priorité. Sanja, elle, est dévouée à sa famille. Son père est
souvent absent pour le travail et sa mère est dévouée à sa petite sœur qui est
malade à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Elle se retrouve donc elle
aussi avec beaucoup de responsabilités, car sa mère ne pouvant pas travailler,
c’est à elle que reviennent les tâches de s’occuper de ramener un peu d’argent
et surtout une quantité d’eau suffisante pour la petite.
En ce qui concerne
l’écriture, j’ai déjà évoqué ce lyrisme et cette poésie qui ont su me
transporter, m’éblouir, me toucher. Les mots coulent, aussi fluides que l’eau
si chère à tous dans ce récit. C’est un roman plein de délicatesse et de
sensibilité qui n’a pas besoin de beaucoup d’action. Il se suffit à lui-même et
possède vraiment un sens profond. Il y a eu plusieurs passages très émouvants
au cours du récit, mais si je dois en retenir un seul alors ce sera la fin. J’en
ai versé des larmes et rien que d’y repenser je suis de nouveau toute
chamboulée ! Bref, prévoyez les mouchoirs si vous comptez le lire !
Je pense que je vais
m’arrêter là, même si je pourrais en parler encore longtemps !
Donc en résumé, c’est un
roman qui a su m’émouvoir, me bouleverser même, par sa profondeur, son lyrisme,
sa poésie et sa délicatesse. L’histoire de Noria m’a réellement touchée et j’en
suis ressortie différente, transformée. C’est ce genre de livre qu’on n’oublie
pas, tant il vous marque. Je le relirai très certainement, car il fait
désormais partie de mes livres favoris et se place même dans les toutes
premières places !
Je l'avais vu passé une fois ou deux, mais sans plus ! Mais maintenant que j'ai lu ton avis, il m'intrigue beaucoup !
RépondreSupprimerLe résumé ne me tentait pas plus que ça non plus, mais bon comme c'était un roman finnois j'ai voulu tenter et j'ai bien fait! :)
Supprimerc'est assez contemplatif, mais le contexte est intéressant
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